Feuille
Feuille naissante aux premiers frémissements printaniers,
tu te formes et t'épanouis sous les rayons caressants.
Tu t'enivres au soleil d'été.
Vient l'automne et tu t'abandonnes pour nourrir la terre.
Tu descends doucement avec grâce. Dans ce tournoiement,
tu es seule mais tes volutes sont innombrables.
L'amour te laisse et te reprend car tu n'as pas de prise.
Feuille, en toi je vois tout l'Amour de la Création
Ballottée, tu te laisses rouler à terre par ton frère le Vent,
et tu chantes avec lui la louange du sol retrouvé.
Je prie à chaque instant pour que me vie soit guidée
comme la tienne.
Dans le secret du coeur
De la profondeur du néant surgit un ciel bleu azur parsemé de lumières d'étoiles.
Le nuage se forme et se dissipe sous le vent d'altitude,
esquisse éphémère, reflet de nos illusoires dispersions.
Seul le roc sait prendre sa forme et se figer, sait tenir tête aux assauts des agents
qui d'habitude font courber l'échine aux natures les plus rebelles.
L'arbre centenaire sait bien qui est le maître du temps.
Il forme et consolide son écorce pour protéger sa tendre structure.
L'eau se moque bien de toutes ces résistances et épouse avec humilité toute forme.
Elle relie les règnes et accompagne leur chemin.
Le chant du rossignol occupe l'espace pour remercier et consoler les âmes perdues.
Le coeur de la nature se lève et rayonne au printemps.
Soleil qui brille pour que règne la vie.
Cette vie que même la mort nourrit.
Le secret, c'est de tout voir avec les yeux du coeur.